On va aborder la question de la longévité de la teinture végétale qui est une des plus grandes appréhensions face à la teinture végétale : Les teintures végétales sont-elles solides et durables ? Est-ce qu’elles tiennent vraiment ?
La réponse est simple : c’est oui. Les teintures végétales peuvent s’avérer très résistantes.
Mais comment être sûr de cette solidité ? Comment faire pour que la teinture végétale « accroche » et soit bien « fixée » au tissu ? Nous allons voir comment assurer la durabilité des teintures végétales sur le tissu.
Comment assurer la solidité et la durabilité des teintures végétales sur le tissu ?
Le secret : c’est dans la préparation du tissu. Un tissu préparé avec soin assure une teinture durable et solide dans le temps.
Bien entendu la tenue dépendra aussi du végétal choisi et dans la méthode de teinture. Mais en premier lieu, c’est la préparation du tissu qui a un rôle essentiel et qui va permettre de créer les accroches nécessaires entre le tissu et la couleur si besoin.
Comprendre les différentes étapes de la teinture végétale
Tout d’abord nous allons voir en quelques mots quelles sont les différentes étapes de la teinture végétales pour comprendre l’intérêt de préparer le tissu selon les teintures.
1 – Le lavage
Au savon de Marseille, avec du bicarbonate de soude ou de la soude avec de l’eau bien chaude. Cela permet d’enlever tout ce qui pourrait faire obstacle à la tenue de la couleur sur le tissu.
2 – Le mordançage
Ce mot apparaît régulièrement quand on commence à s’intéresser à la teinture végétale. Et ce n’est pas par hasard. Le mordançage permet à la teinture de tenir sur le tissu. C’est grâce à lui que les molécules colorantes s’accrochent au tissu : un peu un aimant qui s’accroche au tissu dans un premier temps et qui attire ensuite la couleur. C’est donc une étape non négligeable, qui mérite qu’on prenne du temps pour être bien exécutée car c’est comme cela que l’on « fixe » la teinture.
Dans cette étape il est possible d’utiliser des métaux lourds comme l’alun qui va apporter de l’aluminium. J’ai fait le choix pour Lulafé et pour la planète de ne pas utiliser de métaux lourds. Ma source d’aluminium, indispensable pour créer le lien durable « tissu-teinture » est le symplocos. Une plante bio-accumulatrice d’aluminium qui le synthétise sous forme biodégradable. Son principal inconvénient est que je n’en ai pas sous la main directement mais je trouve aussi qu’il est assez onéreux. Alors dans l’idéal pourquoi ne pas essayer d’en faire pousser dans mon environnement direct ? Je suis en pleine réflexion sur ce point.
J’utilise également des tanins et du soja, toujours en ayant en ligne de mire le résultat que je souhaite.
3 – La teinture
Elle se fait après le mordançage. En non l’inverse si vous avez bien tout suivi !
4 – Les finitions
Il s’agit là d’imposer à la fibre l’entretien qu’elle subira par la suite.
On adaptera chaque étape en fonction du résultat souhaité. Il n’y a (presque) pas de magie : il ne faut pas hésiter à faire des tests.
Le choix des plantes : son impact sur la tenue de la teinture
Certaines teintures végétales se fixent au tissu sans même que ce dernier soit préparé en amont. En revanche, d’autres teintures ont besoin que le tissu soit préparé à les recevoir pour se fixer durablement.
Par exemple : l’avocat comme je l’ai montré dans l’article précédent n’a besoin d’absolument aucune préparation. En revanche, la garance nécessitera une préparation spécifique du tissu. Sans quoi la couleur ne restera pas sur le tissu au fil des lavages, des frottements et ne résistera pas à l’exposition des U.V.
Teinture à la garance et au millepertuis
Ici je vais simplement vous montrer l’importance de bien préparer le tissu lorsque cela est nécessaire. Je vais prendre en exemple la teinture à la garance, qui est une teinture végétale très répandue mais qui nécessite une préparation en amont pour tenir par la suite. Je vais également vous montrer la teinture au millepertuis, plante très répandue dans ma région, et donc accessible facilement sans dégrader la nature. Et vous le verrez, le résultat est bien différent !
Pour illustrer tout cela, les différentes étapes sont identiques quel que soit le végétal : Il y a 2 coupons de tissus préparés différemment. J’ai simplement lavé le premier, et pour le second j’ai procédé au lavage et au mordançage avant la teinture.
L’importance de l’eau de qualité pour le succès de la teinture.
À noter que la qualité de l’eau utilisée a son importance. En effet pour la garance il faut de l’eau non calcaire, j’ai donc utilisé de l’eau de pluie pour ma démonstration.
Comparatif : des couleurs moins soutenues sur des coupons non mordancés
On voit bien que les couleurs sont moins soutenues sur les coupons non mordancés : tout simplement parce que les teintures n’ont pas adhéré au tissu, et le coupon redeviendra écru au fil du temps. Contrairement aux coupons préparés qui garderont la teinture dans le temps … à condition d’en prendre soin évidemment !
Retrouvez au fur et à mesure des images de comparatifs sur ma chaîne YouTube.
Importance d’adapter le processus de teinture en fonction du résultat : exemple du bois de campêche
Vous pouvez le voir : un coupon est préparé avec un engallage (apport de tanins) et l’autre non. Les deux résultats sont très beaux, mais aussi très différents : l’un est violet (avec engallage) et l’autre bleu marine (sans engallage).
Voilà pourquoi j’insiste sur l’importance d’adapter le processus de la teinture végétale en fonction du résultat souhaité, et de faire des tests si besoin.
Conclusion : la longévité des teintures est possible, avec une préparation adéquate.
Une préparation adéquate permet d’obtenir des teintures végétales solides et durables. On ne « fixe » pas une teinture végétale après l’avoir faite, mais on prépare le support avant.
À mes débuts, je ne préparais pas forcément mes tissus de manière adéquate.
J’ai d’ailleurs une anecdote à ce sujet :
Un jour j’ai voulu refaire mon tableau cactus pour une amie. J’avais fait deux couches avant de plonger le tout dans une bassine d’eau avec du savon de Marseille pour enlever la peinture résiduelle. Seulement, les aléas de la vie de maman m’ont fait oublier le tissu dans la bassine quelques heures. Quand je suis revenue : TOUTES les couleurs du tableau avaient quasiment… disparu !
J’ai vraiment vécu cette expérience comme un échec sur le coup, alors que désormais je le vois comme un évènement aidant. Mon tissu n’était pas préparé correctement, et mes teintures n’étaient pas du tout fixées. Elles sont donc parties du tissu car elles étaient solubles dans l’eau et non fixées.
Égayer votre quotidien grâce à une palette de couleurs naturelles et écologiques
Maintenant vous savez que les teintures végétales sont solides et durables. Il n’y a plus de raison de ne pas s’y tourner pour votre bien et celui de la planète !
Si vous ne vous sentez pas d’en faire : je m’occupe de tout ! Visitez ma galerie et contactez-moi pour passer commande. Sinon : amusez-vous ! Ensemble, colorons la planète sainement.
Laissez-moi en commentaire une question que vous vous posez sur la teinture végétale, cela pourra faire l’objet d’un article de blog !
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